Après notre remise en question à Turpan, on avise notre itinéraire. Préférons-nous faire un détour de 3 jours à Dunhuang ou passer 3 jours de plus dans un village du Sichuan?
Nous décidons de sauter une étape "incontournable" selon le Lonely Planet: Les grottes de Mogao. Ce site, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, abrite un trésor religieux remontant aux origines du bouddhisme en Chine grâce aux échanges de la route de la soie.
Nous rejoindrons directement Zhangye, à quelques 1200 km de Turpan, en train de nuit hard sleeper (très confortable).
Notre objectif majeur est de rallier le Sichuan tibétain, mais il va bien falloir faire des étapes. Les parcs sont annoncés grandioses alors on veut en avoir le cœur net.
DANXIA
C'est un des paysages de Chine qui nous faisait rêver depuis la France, méconnu, rare, que l'on n'attend pas dans l'empire du milieu.
Ces formations rocheuses semblent avoir été le travail d'un artiste, comme dessinées aux crayons de couleurs.
A l'entrée du parc national : le ticket d'admission comprend un pass bus obligatoire. Matthieu tente de nous présenter comme étudiants, et en une seconde notre prix d'entrée est divisé par deux, sans montrer de justificatifs. Il parait qu'on fait plus jeune que notre âge, alors si ça peut aider...
Le parc vaut vraiment le détour. On y passera un très bon moment malgré le froid, le vent et le ciel couvert.
Les formations rocheuses striées de couleurs sont vraiment photogéniques.
Le parc est une succession de points de vues reliés par des navettes de bus. Le paysage est servi comme sur un plateau d'argent ; ce qui répond à l'attente du touriste chinois, qui profite sans faire d'efforts et optimise son temps.
L'accès est pensé facile et pratique. Ainsi, il est possible de visiter des parcs nationaux en costume ou en jupe et talons. N'est ce pas la classe?
Le circuit est organisé comme un magasin IKEA, tout le monde suit le même itinéraire. Cependant, on note une certaine recherche d'harmonie: les structures (passages, barrières et routes) se fondent plutôt bien dans le paysage.
D'un point de vue, on comprend la nécessité de canaliser l’afflux de chinois, permettant ainsi de préserver les montagnes environnantes.
De l'autre, habitués à faire des efforts pour "mériter" un point de vue isolé, y accéder avec une telle facilité, au milieu de la foule, atténue un peu notre plaisir. On perd le dépaysement d'être dans un lieu vierge, sauvage.
Immortaliser l'instant est très important. C'est même tout un art. Chacun essaie de rivaliser d'originalité dans la pose.
Avec une étole de couleur
Attention à la position du photographe, très stable sur les appuis.
En sortant, le dernier bus est déjà reparti. On tente le stop sur le parking. En 2 minutes, quelqu'un nous propose de nous ramener à Zhangye (à 40km). Deuxième expérience de stop réussie.
JIUZHAIGOU
Quelques temps plus tard, sur les recommandations insistantes de voyageurs, nous nous rendons au parc national de Jiuzaighou.
Nous pensions faire l'impasse à cause de l'affluence : 30 000 visiteurs par jour hors saison (jusqu'à 100 000 visiteurs par jour en été). C'est un des parcs nationaux préférés des chinois.
Nous arriverons sur place après 350 km de stop, malgré quelques difficultés sur la dernière portion de route pourtant très empruntée. Peut-être trop touristique? Le parc est tellement desservi que le stop fût incompris. Pour l'anecdote, nous ferons la connaissance de nos premiers chinois catholiques.
Il est conseillé de visiter le parc en semaine, quand l'affluence est moindre. Hasard du calendrier, nous arriverons un samedi.
Le parc est immense. C'est un enchevêtrement de cascades et de lacs d'un bleu tropical, à l'intérieur de trois vallées forestières (les 3 branches du Y), qui rappelle les lacs de Plitvice en Croatie.
La visite doit se réfléchir et s'organiser. Notre hôte nous donne un conseil très avisé: marcher les 15 premiers kilomètres pour atteindre le nœud central du parc.
Deux avantages majeurs : être seuls dans la première vallée, vide de touristes chinois qui eux ne marchent pas, mais aussi le prix est de facto rabaissé, car le pass bus n'est plus payant.
Il nous obtiendra aussi des tickets au tarif étudiant, compte-tenu de la foule, aucun justificatif ne nous sera demandé à l'entrée.
Et dire qu'il y a 30 000 chinois dans le parc...
Les premières vues du matin, seuls au monde.
Arrivés au nœud central du parc, on découvre les premiers chinois après 4h de marche assez simple, nous ne les quitterons plus jusqu'au soir.
L'art du selfie
Un cadre idyllique pour la pose de photo de mariage
Beau panorama: noter le monde sur la passerelle
En novembre, nous avons la chance de jouir des couleurs de l'automne.
Les paysages sont à couper le souffle, il faut bien l'admettre
Rentrés exténués le soir, nous repartirons le lendemain pour une expérience de stop inoubliable afin de de rejoindre Chengdu et ses pandas, à 450 km de là.
BILAN
Ces deux parcs seront finalement les seuls que nous visiterons durant nos deux mois en Chine, par manque de temps pour aller à Zhangjiajie (le parc qui a inspiré Avatar), à 600 km à l'est de Chongqing.
Nous en ressortirons agréablement surpris et enthousiastes. Il faut avouer que ces parcs sont de toute beauté même si l'on préfère de loin la nature à l'état vierge. Pour apprécier le parc dans la tranquillité, il suffit simplement de marcher un peu pour s'éloigner de la masse de touristes chinois.
A suivre: Immersion dans la culture tibétaine