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Sichuan tibétain, de Darjay Gompa à Baiyu

Nous poursuivons notre aventure dans l'ouest du Sichuan, à la frontière du Tibet...






Darjay Gompa



A une trentaine de kilomètres de Ganzi se trouve le monastère de Darjay Gompa. Nos gentils chauffeurs de stop, pensant connaître notre destination, nous déposeront 40 km trop loin. Un petit contre-temps dû à une mauvaise prononciation ou une incompréhension? Rien de bien grave, on refait du stop dans l'autre sens !


Le monastère de Darjay Gompa


A 15 minutes de marche du monastère, nous découvrons le temple de Talam Khang, isolé dans une grande vallée de prairies toujours dominées par les hauts sommets du Sichuan. Ici, trois moines accueillent les touristes de passage, désireux de séjourner dans ce lieu au confort simple et de vivre un brin d'expérience "monacale".

A notre arrivée, le temple paraît totalement vide. Alors que nous faisons, seuls, un petit tour du propriétaire, une tête apparaît. Jaba nous accueille avec un grand sourire alors que nous débarquons à l'improviste.


Talam Khang, derrière Darjay Gompa



Jaba nous met tout de suite à l’aise et nous prépare un déjeuner végétarien (soupe de nouilles). Notre chambre est minimaliste, mais l'endroit est magique par son atmosphère ascétique. Pas de salle de bains, la toilette se fait à la source chaude de la vallée.

La nuit sera tout de même fraîche, par -10 degrés dehors, sans chauffage dans la chambre.


La vallée est propice aux balades au milieu de yaks indifférents et à la découverte de monastères et nonneries "hors sentiers battus".



Une nonnerie à gauche, un monastère à droite.

Une nonne fait tourner son mani korlo (moulin à prière)


Nous sommes invités à participer à l'office des nonnes, conduit par un lama. Un office solennel qui restera un grand moment.

Pour l'anecdote, Laurence déclenchera, à son insu, un fou rire général dans l’assemblée. Au moment de l'entrée du lama, toutes les nonnes se prosternent vers lui. Nous imitons machinalement leurs gestes. Seulement à cet instant, tout va très vite et Laurence, pensant se tourner du bon côté, tournera le dos au lama, lui présentant malencontreusement son postérieur... On vous laisse imaginer la scène... Même le lama, imperturbable, esquissera un sourire amusé.


Au retour à Talam Khang, Jaba, notre hôte, est assis, seul, au soleil au pied du Gompa. Nous nous attarderons pour discuter.

Moine depuis son plus jeune âge, il nous expliquera avoir été touché par la main du Dalaï Lama dans son enfance et que depuis il consacre sa vie au bouddhisme. Jaba dégage une sérénité, une empathie, une bienveillance chaleureuse, un flegme à toute épreuve. Un personnage admirable à la joie communicative, l'image du moine épanoui. Une très belle rencontre pour nous.



Jaba

Jaba




Sur le chemin du retour, nous traversons le grand monastère de Darjay Gompa. Devant le tas de chaussures abandonnées à l'extérieur, nous jouons les curieux et entrons discrètement dans le temple.



Le moment était très fort. Captivés, nous resterons silencieux, un long moment, à admirer ces jeunes moines.

Matthieu en capturera quelques instants :






Manigange


Manigange est une ville carrefour dans l’ouest du Sichuan. Au nord, on peut rejoindre la province du Qinghai et à l’ouest se dresse la province autonome du Tibet. La ville en elle-même n’a que peu d’intérêt, sauf son lac (Xinlu hi) situé à une grosse dizaine de kilomètres.

Nous le rejoindrons à moto : notre premier stop en deux roues. Ceux qui connaissent bien Laurence connaissent son aversion pour ce mode de transport, mais cette fois, on tente. Il faut savoir affronter ses peurs et Laurence le fera très bien.


Le lac est apaisant et très agréable à regarder, entouré de massifs dépassant les 5000m, ainsi que de nombreux mantras gravés sur les rochers. C'est un lieu de pèlerinage pour les tibétains.


Le lac de Manigange

Un mantra au bord du lac



Le retour sera plus épique : n’ayant pas de moyen de transport, nous repartirons à pieds ; mais nous aurons peu de succès pour arrêter les rares véhicules. Au bout d’une heure de marche, le soleil disparaît derrière les montagnes et le froid se fait immédiatement sentir. Une voiture nous prendra enfin à bord. Nous n’étions pas en danger, mais terminer motorisé est un soulagement.




Dégé



Dégé est une ville encaissée, assez difficile d’accès et très surveillée du fait de sa proximité avec la frontière du Tibet (région autonome dans laquelle nous n’avons pas le droit de circuler sans guide). Centre culturel du Kham, son accès a été rouvert aux voyageurs en 2000.


Les routes ayant été améliorées, il est aujourd'hui moins hasardeux de franchir le col de la Tro'la, à 5100 mètres d'altitude. Nous le passerons à toute vitesse, à bord d’un véhicule banalisé de la police.


Vue depuis le col de Tro'la à 5100m



Dégé abrite en son sein un monument de la culture tibétaine : l’une des plus grandes imprimeries au monde de textes sacrés, construite au 18ème siècle. 70% des planches originales des sutras utilisés dans les monastères tibétains y ont été sauvegardés des affres de la révolution culturelle. 320000 planches y sont stockées, mais aussi 555 écrits uniques en hindi, tibétain et Sanskrit, retraçant l’histoire du bouddhisme indien (seules copies au monde). Un trésor religieux de la plus haute importance, protégé et vénéré.


Des rayonnages de sutras.



Nous nous baladerons, seuls, dans l'obscurité, au milieu des rayonnages abritant l’héritage tibétain. Malheureusement, ce jour là, aucun moine ne travaillait, ni en gravure, ni en imprimerie.


La visite aurait pu sembler d’un autre temps, à l'exception des câbles réseaux en cours d'installation dans toutes les pièces du temple.


Nous y observerons, avec plaisir, les pèlerins tibétains déambulant autour de l'édifice, en actionnant leurs moulins à prières.


Ci-joint quelques images pour vous imprégner de l’ambiance. Notez les détails vestimentaires.







Baiyu


Nous longeons la rivière Jinsha qui délimite une frontière naturelle entre le Tibet et le Sichuan. Ça nous rappelle allègrement la vallée de Wakhan au Tadjikistan. Nous avons l'impression de toucher du doigt cette province "interdite".

L'accès au Tibet semble étonnamment facile et peu contrôlé, mais nous resterons prudemment du côté Sichuan.


De l'autre côté de la rivière Jinsha, la province autonome du Tibet


Dans cette région, le stop sera un vrai challenge, les véhicules partant tous vers le Tibet... Alors que nous allions abandonner, une voiture de moines nous accepte généreusement. Le lama, nous croyant sans le sou, tiendra même à nous offrir le déjeuner. Quel rebondissement étonnant! Et encore une bonté simple et désintéressée qui nous touchera.




Nous terminerons la route en compagnie de jeunes tibétains qui voyagent en direction de Shangri-la, dans le Yunnan.


Baiyu est vraiment une ville hors sentiers battus, à l'écart de la route Chengdu-Lhassa, surplombée par le monastère Palyul.

En s’y perdant, au hasard, nous sentons une certaine agitation. En fait, une très grande cérémonie est en train de se dérouler. Nous suivons la foule jusqu'à la grande place du monastère. Des centaines de pèlerins sont assis par terre, répétant des mantras : "Oh Mani padme hum". Encore une fois la chance nous sourit!


La foule des grands jours.


Nous y passerons la journée entière, observant la procession des moines donnant la bénédiction à chacun des pèlerins, offrant même des sachets de confiseries et des boissons à tout le monde. Il s'agirait d'une fête en l'honneur des ancêtres...


Quelques photos de cet après midi enchanteur :





Partir de Baiyu fût beaucoup plus simple: encore une fois, un moine bien aimable nous conduira à notre prochaine étape. Celle-ci restera à jamais gravée dans notre mémoire...


A suivre : De Yarchen Gar à Damba.






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