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La Grande traversée du Zanskar (2) : de Padum à Darcha

La pause salvatrice à Padum nous aura fait réfléchir. Nous sommes tout proches du Cachemire. On s'en fait tout un mythe, car peu de visiteurs étrangers s'y aventurent. 

La vieille ville de Srinagar au bord du lac Dal, est réputée magnifique, avec ses house-boats hors du temps et la cuisine du Cachemire est une des plus savoureuse d'Inde.

La zone est le siège d'un conflit indo-pakistanais depuis la partition, il y a 70 ans. Des attentats viennent juste de survenir. Les locaux nous déconseillent formellement d'y aller ; mais des voyageurs téméraires continuent d'y partir puisque la zone touristique serait à l'abri du conflit.


Nous sommes venus avec cette idée de traverser le Zanskar alors on continue. Ce fut finalement une très bonne décision.


A Padum, nous assisterons fortuitement à la journée de la compassion célébrée par Rinpoché, en personne, pour l'anniversaire du Dalaï-lama (le 6 juillet). Encore un heureux hasard !




Sur les pas de Rinpoche (13ème réincarnation de Kundeling Tatsak Jedrung)



Pour vous donner une idée de sa popularité, 10000 personnes l'attendaient à la sortie de l'avion à Leh, avant sa venue au Zanskar.


Il nous a été décrit comme le troisième plus haut lama de la secte Gelugpa (Le Dalaï-Lama étant numéro 1 et le Panchen Lama, emprisonné en Chine, numéro 2).

 Ils sont venus par milliers malgré la chaleur accablante


 Son Éminence Rinpoché





Le lendemain nous aurons encore l'honneur de participer à une puja (prière) dirigée par lui, à notre grande surprise.


 La foule s'est déplacée en nombre



Agé de 34 ans, c'est une figure forte du bouddhisme Gelugpa. Il réside dans la région du Karnataka (au Sud de l'Inde) et donne régulièrement des conférences en Russie, en Mongolie, à Taiwan, en Thaïlande, et même en Europe.

Nous apprenons alors qu'il va traverser le Zanskar à pieds à la rencontre des zanskarpas, tout comme nous.




Nous suivrons avec admiration Rinpoche, accompagné de son cortège, dans chaque village, délivrer ses enseignements à la population locale, qui l'accueille comme un dieu vivant.






Nous aurons la chance de boire le thé avec lui, devant une foule de villageois dans leurs plus beaux atours.

 Quel grand moment !

Rinchen, un de ses proches, nous dira : "ce n'est pas de la chance, c'est parce que vous avez un bon karma"



C'est à la dévotion de la foule l'attendant que l'on comprend l'importance de cette visite dans les villages.






Mariage zanskarpa à Ichar


Alors que nous marchions tranquillement, Gayzang, l'instituteur du village d'Ichar, nous propose de nous prendre en stop à l'arrière de son pick-up, chargé de provisions. Il nous annonce que ce sont les emplettes pour son mariage, qui a lieu le soir même et nous invite ! Qui a parlé d'une bonne étoile ?


Le mariage durera 3 jours, un rituel pour le moins étonnant.


La célébration débute à minuit le premier soir, lorsque la mariée arrive, accompagnée des nyopas (témoins) qui sont allés la chercher dans son village natal au petit matin ; cependant ils s'arrêteront dans tous les villages sur la route (et ils sont nombreux) pour fêter l’événement avec du chang (bière locale à base d'orge) et de l'arak (alcool de riz).


La mariée arrive couverte d'une coiffe (ja) de tissus blanc (katak) pour cacher les pleurs de celle qui quitte son foyer natal.


Durant la cérémonie, la mariée recevra la Peyrac, coiffe traditionnelle zanskarpa, léguée de mère en fille.

Le foyer conjugal sera béni pour un avenir heureux des jeunes tourtereaux.



Le plus étrange à nos yeux, c'est que la fête a surtout lieu la nuit. En journée, chacun vaque à ses occupations habituelles, entrecoupée de moments où tout le monde se réunit dans "la salle des fêtes" pour manger à des heures incongrues. C'est le moment où l'on croit que la fête commence. Et non! Tout le monde repart. Un rythme très difficile à comprendre.

Difficile pour nous de rester éveillés aussi tard avec ces longs moments d'inaction, assez ennuyeux, nous n'assisterons finalement pas à la vraie fête qui aura lieu au milieu de la nuit jusqu'au petit matin.


Noter qu'il n'y a pas d'électricité dans le village, à cause d'une panne de panneaux solaires.


Les différentes étapes de la journée se répètent ainsi durant 3 jours.


 Les mariés et le frère du marié


 La mariée et sa sœur



Quelques photos du mariage 




Le Monastère de Phuktal


Ce monastère, du XIIème siècle, est l'un des plus reculés des monastères Gelugpa du Zanskar. Perché à 3900m d'altitude, creusé directement dans une falaise de calcaire, il surplombe une vallée où une rivière torrentielle le sépare du village de paysans en face, qui apparaît comme une oasis dans ce paysage lunaire. On imagine les conditions de vie extrêmes dans cette vallée encaissée en hiver.


Ce sera le monastère le plus spectaculaire de ce trek.


L'arrivée au monastère de Phuktal est saisissante




Suivre le pèlerinage de Rinpoché nous aura procuré des moments d'une rare intensité.


Un impressionnant cortège de moines en tenue d'apparat accueille Rinpoché, tandis qu'à l'intérieur du temple, les jeunes moines réciteront les mantras devant Son Éminence.



 Puja avec les jeunes moines de Phuktal





Le soir, Matthieu partagera un moment unique avec les moines de son entourage sur les hauteurs du monastère : la vue était splendide.



Geshe Lobsang Yonten a participé à un documentaire très intéressant "Journey from Zanskar" expliquant le recrutement des jeunes moines zanskarpas. Cliquer ici pour voir la bande annonce.




Et le trek dans tout ça?


Cette deuxième partie de trek sera bien plus simple, avec un seul col enneigé, le Shingo-la à 5100m, que nous franchirons sans difficultés.


Profil de la deuxième partie du trek



Nous traverserons des villages oasis, ponctués de gompas et de mani, des paysages tout aussi sublimes, longeant la rivière Lungnak au-dessus de laquelle sont suspendus des ponts plus ou moins branlants.





Nous avons vécu une grande aventure, qui selon nous pourrait disparaître dans un avenir proche. L'armée indienne travaille à la construction d'une route pour rallier Padum à Darcha, malgré la réticence des habitants. 

Padum pourrait devenir une zone stratégique d'accès rapide à Srinagar, capitale du Cachemire voisin très militarisé, évitant ainsi la route Manali-Leh-Srinagar extrêmement longue et sujette aux glissements de terrain en période de mousson.



Notre voyage touche bientôt à sa fin. Encore un peu de tourisme en Himachal Pradesh et au Punjab, dans ce gigantesque pays qu'est l'Inde et nous nous envolerons pour la France le 11 août prochain.





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