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Bajawa, à la rencontre du peuple Ngada

On pourrait vous parler de la plage idyllique de Koka beach, des rizières en toile d'araignée de Ruteng pour le moins photogéniques, des fameux lacs de cratère de Kelimutu ou des merveilles sous-marines de Komodo mais un lieu nous a particulièrement marqué lors de notre grande traversée de Florès : la région de Bajawa.


A Bajawa, nous avons découvert un peuple à part : les Ngada et leurs villages traditionnels concentrés aux alentours du volcan Inerie.



Les Ngada vivent au sud de l'île de Florès, dans l'archipel de Nusa Tenggara (ou îles de la sonde)

Qui sont les Ngada ?

En dépit de leur conversion au catholicisme, introduit au début du XXe siècle par les colons hollandais, les Ngada sont restés profondément attachés à leurs croyances séculaires et leurs rites animistes, fondés sur un culte complexe des ancêtres.

Dans leur culture, le village symbolise "l'intérieur", par opposition à la forêt, monde "extérieur" chargé de mystères et de dangers.


On compte aujourd'hui 60000 individus Ngada, habitant toujours leurs villages traditionnels.


Nous arpenterons quatre villages, Luba, Gurusina, Tololela et Bena tous construits sur le même concept et tous très accueillants.


Nous louerons un scooter pour aller les découvrir. Ceux qui connaissent bien Laurence savent que ce fut une épreuve, qu'elle a surmontée.



Les villages respectent toujours le même plan: une large place de terre battue bordée de deux rangées de maisons sur petits pilotis, en bois et bambou, couvertes d'un toit de chaume. Au milieu du terre plein central s'alignent diverses structures par paires, une pour chaque clan, demeures des esprits mâles ou femelles des ancêtres fondateurs et protecteurs.


Village de Luba

Outre la beauté appréciable de ces villages, il faut savoir que leur organisation est codifiée et respecte une hiérarchie sociale propre à chaque clan à l'intérieur du village.

On retrouve une dimension humaine dans l'architecture de ces maisons : le toit (démesurément haut) représente la tête, la pièce de vie : le haut du corps, les piliers de soutiens: les jambes.


De nombreux dessins ou peintures ornent les murs ayant une signification propre à chaque tribu.

Des totems ornent les toits des maisons :


Le Sa'o Saka Lobo, représentant une figure masculine avec une arme symbolise une maison traditionnelle dont la propriété sera transmise au fils de la femme descendante de la tribu.




Le Sa'o Saka Pu'u, lui, est le symbole de la maison mère du clan. Elle sera transmise à la fille la plus âgée. Tandis que Sao Kaka sera une maison sans ornement et sans dimension d'importance pour la tribu.


La société ngada est organisée autour des femmes. Lorsqu'une femme ngada se marie, c'est le mari qui intègre le village de la mariée, après avoir payé une dote très conséquente.



De grands parasols centraux (Ngaduh) symbolisent le nombre de clans présents et vénèrent les ancêtres mâles. Ils servent d'autels pour les sacrifices rituels.




Des petites maisons sur pilotis sont alignées en face des Ngaduh : les Bhaga, qui symbolisent les ancêtres féminins.



Village de Luba, au pied du volcan Inerie


Les ancêtres sont également enterrés dans la partie centrale.



Des cornes de buffles (Zegu Kaba), ainsi que des mâchoires sont exposées, démontrant les sacrifices réalisés par les familles lors de la cérémonie Ka Sa'o, intronisant une nouvelle maison. Un buffle coûte ici environ 10 millions de roupies, une fortune pour les locaux. On mesure la richesse d'un clan aux trophées exposés.




Les femmes passent leurs journées à la réalisation d'Ikat, ces pantalons locaux vendus à pris d'or, sur des métiers à tisser d'un autre temps.





Nous serons seuls dans trois des quatre villages, Bena étant la destination majeure des rares personnes arrivant ici.

Quelle belle découverte!






Dès le premier village nous jouissons d'un moment privilégié. Nous avons toujours les photos de la famille avec nous, notre astuce pour rentrer en contact avec les locaux ; ce qui nous ouvre des portes encore une fois! On nous offre le café local (avec le marc au fond) et on échange en baragouinant un peu de bahasa. Nous nous comprenons plutôt bien, il faut dire qu'au bout de 9 mois de voyage, on commence à être rompus à ce genre d'exercice...



Quelques portraits choisis:





Belaraghi, vivre au cœur d'un village Ngada

Après notre départ de Bajawa, nous atteindrons un village perdu au bout d'un long chemin où aucun véhicule ne circule: Belaraghi.

Nous débarquons dans le village, à pieds, à l'improviste, sans guide, sans savoir où nous pourrions dormir.


Juché en altitude et loin de tout, Belaraghi est un village hors du temps, assez similaire à ceux proches de Bajawa. La tribu vivant ici vit aussi selon les même rituels animistes. Nettement moins visité, nous jouirons d'un accueil pour le moins authentique!




Les Ngada de Belaraghi accueillent tout étranger pénétrant dans le village, par une cérémonie rituelle particulière: un haruspice (art divinatoire de lire dans les entrailles d'un animal sacrifié).


ils sacrifieront un poulet pour lire les augures dans ses entrailles pour demander aux ancêtres la "permission" de nous héberger.




Nous vous passons les détails de cette cérémonie assez scabreuse, mais nous sommes à ce moment seuls dans une maison sans électricité avec un feu de cuisine et six locaux (plus nous) captivés par l'instant. Les présages semblent bons pour nous. Ouf!


Après un "bon" repas, arrosé d'arak (alcool de palme), nous dormirons sur des paillasses dans l'entrée de la maison. Quelle soirée très étrange, mais où l'on s'est vraiment senti accueillis comme des membres de la famille.


Mamma Mia, la maîtresse de maison



Le lendemain, Mamma mia nous demandera une photo de nous pour la mettre dans sa pièce principale. On repartira très touchés d'avoir été appréciés à ce point.





A suivre: les Bajaus, gitans de la mer


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