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Kashgar, rendez-vous en terre ouïghoure

Kashgar sera notre première étape en Chine.



Ville mythique de la route de la soie, à la croisée des routes de Karakoram (vers le Pakistan) et d’Irkechtam (vers l’Asie centrale), au cœur du Turkestan chinois, Kashgar a inspiré des générations de voyageurs.



Plus proche d'Istanbul que de Pékin, ce joyau d’architecture musulmane évoque une oasis aux portes du désert de Taklamakan, un labyrinthe de ruelles en adobe, l’animation des marchés, l’odeur des épices et des kebab de mouton, les maisons de thé, les voiles colorés des femmes, les longues barbes blanches des hommes…



Pour l’anecdote, c’est aussi à Kashgar que le film les cerfs-volants de Kaboul été tourné en 2006 (devant l’impossibilité de tourner à Kaboul).


A travers quelques récits d’anciens voyageurs, Kashgar semble avoir perdu de sa grandeur passée, on se demande même si l’étape vaut toujours le détour. Une partie de la vieille ville historique serait déjà détruite. Que reste-t-il de Kashgar aujourd’hui ?



Kashgar est une ville ouïghoure, minorité musulmane sunnite turcophone. Les visages changent mais on se sent davantage en Asie centrale même si les drapeaux chinois, la statue de Mao, les écriteaux, les scooters électriques ou la densité de population nous rappellent que nous sommes en Chine.





Les grands travaux


Le gouvernement chinois ambitionne de créer dans la région du Xinjiang la seconde Zone de développement économique spéciale de la Chine, après Shenzhen.

Les autorités ont entrepris de grands travaux de rénovation afin de mettre la ville aux normes antisismiques ; la région étant sujette aux tremblements de terre. Depuis 2009, les bulldozers grignotent la vieille ville, tel un rouleau compresseur, au profit de constructions neuves.

Certains crieront à la mort de Kashgar, d’un héritage culturel, d’un style de vie, d’un symbole fort ouïghour ; tandis que d’autres diront que c’était nécessaire compte tenu des conditions sanitaires précaires dans lesquelles vivaient les ouïghours.




Kashgar en 2016 :


La "nouvelle vieille ville" reconstruite prend des airs de ville-musée, un peu trop propre, trop neuve à notre goût.


Kashgar old city, "national tourist attraction"

Où sont les ouïghours?



La reconstruction tente de conserver le style architectural d’origine, pour profiter de la manne touristique ? Kashgar, de part sa renommée et son histoire, attire de plus en plus de touristes chinois en quête d’exotisme, tout en restant en Chine.


Des panneaux expliquent les "us et coutumes" de la minorité locale, de façon « folklorique ».

On y croise les touristes chinois, vêtus de tenues fluos, armés de super objectifs, visitant l’attraction au rythme du petit train…

On se perdra à la recherche de cachet dans ces nouvelles rues larges, du charme d’antan, de vieilles façades épargnées, les maisons de thé traditionnelles centenaires.


Rencontre avec l’imam de la mosquée à la maison de thé



Une partie de la vieille ville persiste encore, mais celle-ci, négligée, semble complètement à l’abandon, voire à l’état de bidonville insalubre, de ruines… Les habitants sont peut-être déjà en cours d’expulsion? On n’y trouvera pas plus de vie…


Les vestiges de la vieille ville en sursis



Toutefois, c’est au marché de nuit, au marché aux bestiaux du dimanche ou au grand bazar que l’on captera l’atmosphère si particulière de Kashgar.



Le marché de nuit


Le grand bazar



La mosquée Id Kah, construite en 1442, est le centre névralgique de la ville.

Le vendredi, on assiste au grand rassemblement à l'heure de la prière.

Le marché aux bestiaux

Même si celui-ci a été déplacé en dehors de la ville, l'ambiance est un vrai spectacle.

Les hommes de toute la région viennent négocier chameaux, vaches, yaks, chèvres et moutons dans une cacophonie générale. Un paradis pour les photographes...


On a aimé observer la vie quotidienne de Kashgar, goûter les spécialités locales: les pains ouïghours, la soupe aux pois chiches, le jus de grenade, la glace au safran... échanger les mêmes Assalamualaikum, les mêmes sourires qu'en Asie centrale, ressentir la même hospitalité.



Tensions

Au Xinjiang, la région du nord ouest de la Chine, vivent les ouïghours et quelques autres minorités ethniques (kazakhs, tadjiks, hui, mongols, russes, kirghizes).

Depuis les années 50, des Hans (ethnie majoritaire chinoise) se sont progressivement installés dans la région, riche en gaz naturel et en pétrole. Par la loi du nombre, la population ouïghoure se retrouve ainsi diluée, au risque de perdre au fil du temps son identité culturelle. Ce processus de sinisation "forcée" a déclenché des émeutes en 2009, des attentats anti-hans sur la place Tiananmen en 2013, à la gare de Kunming en 2014.




Une région ultra-surveillée


Durant nos quelques jours sur place, nous n’avons pas senti de tensions manifestes ou d’insécurité.

Les backpackers chinois rencontrés au Pamir Hostel nous disent que la région a mauvaise réputation dans le pays, qu’il serait dangereux de voyager ici suite aux émeutes passées.

Nous serons simplement surpris par l'omniprésence des forces policières et l’impressionnant système de vidéosurveillance à chaque coin de rue.

Durant notre voyage en Chine, ce sera au Xinjiang, que nous serons le plus contrôlés : même pour entrer au bazar ou dans un supermarché.

Nos passeports sont scannés à chaque étape, nos sacs inspectés aux rayons X. Laurence se verra confisquer son produit anti-moustique interdit dans le règlement alors que le couteau suisse de Matthieu passera entre les mailles du filet !




Un passé difficilement saisissable


Simon Leys (essayiste qui dénonçait la révolution culturelle en 1971 dans son livre « Habits neufs du Président Mao ») disait : qu’en Chine le passé est omniprésent mais insaisissable, parce qu'il «habite les gens plus que les pierres, l'architecte plutôt que l'architecture».


Kashgar est toujours le lieu pour venir à la rencontre de la culture ouïghoure, même si celle-ci semble moins évidente au premier coup d’œil. Aujourd'hui, la vieille ville n'est plus, mais l'âme de Kashgar est encore bien vivante et s'offrira à ceux qui prendront le temps de la découvrir au contact de ses habitants.


Pour nous, ce fut une bonne transition après l’Asie centrale et pour préparer la suite de notre voyage en Chine.



A voir le documentaire de Sylvie Lasserre, journaliste reporter spécialisée dans l’Asie centrale : Voyage au pays des ouïghours.



A suivre la Karakoram Highway.

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