Nous avons sciemment traîné au Kirghizstan afin d’éviter la terrible golden week chinoise (1ère semaine d’octobre). Imaginez 1,4 milliards de chinois en vacances en même temps... Cependant, nous devons impérativement passer la frontière chinoise (col d’Irkechtam) avant le 13 octobre, date limite de notre visa pour rentrer sur le territoire.
Le Pic Lénine (10-11 octobre)
Le Pic Lénine est le sommet le plus haut (7134m) de la vallée d’Altaï, et le second du Pamir.
Nous l’avions vu de loin à la faveur d’un ciel dégagé lors de notre arrivée au Kirghizstan.
Didier et Olivier (les photographes belges) viennent d'y faire un aller retour et nous l'ont fortement recommandé.
Depuis Osh, un seul bus par jour dessert Sary Mogol à 14h. Afin d’y être le plus tôt possible, on prend un taxi partagé. On patientera 3h qu’il se remplisse…
Arrivés à la ville de Sary Mogol, village au pied du pic, l’agence locale du CBT organise notre trajet en taxi jusqu’au camp de yourte du lac Tulparköl. Le camp est accessible à pieds en 6-7h de marche, cependant le temps nous est compté avant de rentrer en Chine.
Vue du massif depuis le village de Sary Mogol
Il faut dire que la vue de la vallée d’Altaï est saisissante. Toute en longueur, elle est encadrée par deux chaînes de montagnes impressionnantes. On ne lasse pas de cette vue...
En route pour le pic Lénine
L’arrivée dans le massif est un moment magique.
Le lac de Tulparköl, basé à 3500m d’altitude sera notre camp de base, avec pour seuls voisins le troupeau de yaks des nos hôtes.
Le temps est idyllique, le ciel bleu et pur. Le pic se reflète à la perfection dans les eaux du lac.
Notre campement
Aïcha et Hamid nous accueillent dans leurs yourtes. Nous serons seuls avec eux ce soir.
Nos yourtes avec vue imprenable
A 17h30 il fait déjà très froid, on rentre au chaud dans la yourte et l’on profitera d’un jeu d’échec en attendant le dîner (1-0 pour Laurence).
Comme nous vous l’avions déjà raconté à Song Köl, lorsqu’on dort en yourte, il faut de la motivation pour aller aux toilettes la nuit! Laurence rentrera paniquée après avoir croisé le regard perçant d’une bête mouvant dans la nuit, et ce alors que les deux seuls chiens du camp étaient attachés.
Hamid nous avouera le lendemain matin qu’effectivement des loups rôdent dans le coin. Ils attaquent parfois le bétail mais jamais l’homme. Nous voilà rassurés !
Au réveil, le temps est glacial. Matthieu sortira tout de même aux aurores pour capturer le lever de soleil sur le pic.
Aïcha viendra nous aider à rallumer le poêle, éteint pendant la nuit. Elle a une méthode bien à elle : utiliser une vieille chaussure pour lancer la combustion des bouses de yak séchées, avant d’ajouter du charbon. La yourte se réchauffe de suite.
Nous attendons que le soleil pénètre dans la vallée et partons en randonnée pour aller voir le pic de plus près (à 3800m d'altitude).
Laurence et le pic Lénine
En rentrant, un groupe de trois jeunes allemandes venues à la journée en 4x4 avec leur guide, mangent avec nous à la yourte. Elles repartent à Osh et nous invitent gracieusement à redescendre avec elles jusqu’à Sary Mogol. Au premier abord, ça ne plait pas à leur guide, il refuse. Un sentiment de gêne flotte, finalement il accepte. Arrivés à destination, il nous demandera de lui payer un extra en argumentant qu’il consomme plus de carburant avec deux passagers supplémentaires, alors que sa course est déjà réglée jusqu’à Osh… Il n’allait tout de même pas passer à côté d’un petit profit !
De Sary Mogol à la Chine (11-12 octobre)
On s’attarde un peu dans le village de Sary Mogol, aux creux de la vallée de l’Altaï. Il semble à l'abandon.
On trouve un véhicule qui va vers l’est, en direction de Sary Tash, la dernière "ville" avant d’entamer la route d’Irkechtam.
A Sary Tash, nous ne sommes plus qu’à 1h d’Irkechtam, le poste frontière. C’est la fin d’après midi. Deux options s’offrent à nous : dormir dans une guesthouse ici et repartir à 7h le lendemain matin ou se rendre à Irketcham dès ce soir.
On décide de partir dès aujourd'hui pour passer la frontière le plus tôt possible. On tente le stop. Une voiture nous propose de suite de nous emmener. C’est parti !
La route est toujours très belle. On en prend encore plein les yeux...
La route Sary Tash / Irkechtam
On s’imagine qu’il n’y a rien entre Sary Tash et la frontière. Que nenni ! Notre chauffeur nous dépose à un checkpoint et bifurque dans la montagne. Nous voilà maintenant seuls au milieu de nulle part…
Un camion nous repère et nous attend, mais le garde prend tellement son temps pour nous rendre nos précieux passeports que le camion s’impatiente et repart. La nuit tombe… Grand moment de solitude !
Une camionnette passe, sans places dans l’habitacle, mais dont la benne est vide. On fonce.
Même pas froid !
Au soleil couchant
Sur la route, on double des cyclistes qui vont aussi passer la frontière demain comme nous. Eux s’arrêtent dormir à Nura, l’avant dernier village.
On arrive à Irkechtam, le fameux village frontalier. Ne cherchez pas d’hôtel, vous trouverez uniquement des logements chez l’habitant, dans des vieux wagons métalliques. La ville complète est faite de wagons… de détritus et de cadavres de bouteilles d'alcool. Vraiment pas engageant !
De très nombreux camions y sont stationnés pour la nuit, dans l’attente de l’ouverture du poste à 8h.
Irkechtam (et le poste frontière sur la droite)
Notre "hôtel"
Des enfants jouent dans la rue
Pas de toilettes, on fait son affaire dans la rue, ou derrière un wagon, à l’abri des regards.
Une famille nous accueillera dans leur wagon "hôtel".
Nos hôtes
L'intérieur du wagon est constitué de deux pièces
La vue de notre chambre : intimité impossible.
Notre lit
On dînera dans un petit wagon restaurant avec des militaires : un bon moment partagé avec eux.
Au matin du 12 octobre, on se présente dès l’ouverture du poste frontière kirghize, un peu tendus.
Un camion nous prend en stop pour parcourir les quelques kilomètres du no man’s land jusqu’au poste de frontière chinois.
Dans le camion au milieu du no man's land
Au poste chinois, les gardes sont tellement surpris de nous voir si tôt qu’ils nous font patienter. Leur scanner n’est pas encore allumé. Seul le sac de Laurence sera fouillé et encore, très brièvement.
La police des frontières communique même avec un slogan : Confortable, Instant, Intelligent.
Depuis le poste d’immigration il y a 140 km à parcourir. Nous sommes obligés de prendre un taxi officiel. Le plus long sera finalement d’attendre d’autres passagers pour partager le taxi. Nous savons que les cyclistes sont juste derrière nous.
On arrivera à Kashgar en milieu d’après midi.
A suivre : La Chine, Kashgar et le Xinjiang
Nos conseils :
Dormir à la guest-house de Nura, le village 5km avant Irketcham. Une mashroukta fait ce trajet.
Changer environ 200 yuan/personne à Osh pour payer le taxi jusqu’à Kashgar.