Notre première étape est Noukous, aux environs de Koungrad, le terminus de notre trajet de 25h en train depuis le Kazakhstan.
C’est à Moynaq, à 210km de Noukous, que se trouve le sanctuaire de la Mer d’Aral, cette mer tristement connue pour son assèchement inexorable depuis tant d’années.
Sur la route de Moynaq, de nombreux panneaux indiquent où se trouvait la mer d’Aral auparavant, preuve de son recul d'année en année.
On a tout de même du mal à réaliser, à imaginer cette ville poussiéreuse en tant qu’ancien port de pêche prospère. C’est le témoignage de notre chauffeur de taxi qui nous en fera prendre conscience. Emu, il nous raconte qu’il se baignait en 1980 à l’endroit même en nous pique-niquions, au milieu des carcasses de bateaux méticuleusement alignées, et qu’il pouvait même plonger depuis le promontoire au dessus de nous.
Notre chauffeur de taxi
L'union soviétique poussa l'Ouzbékistan à intensifier sa culture du coton, afin de développer son industrie textile.
La mer d'Aral est alimentée par deux fleuves: le Syr-Daria et l'Amour Daria, qui coulent des Tian Shan au Kirghizstan et du Pamir au Tadjikistan. L'Ouzbékistan est donc dépendant de ses voisins pour son approvisionnement en eau, inquiété par leurs projets de construction de grands barrages hydroélectriques.
Pourtant l’Ouzbékistan, continue obstinément sa monoculture du coton, très consommatrice d’eau et de pesticides. Moynaq est devenue une ville-fantôme, complètement sinistrée, suite au changement climatique induit dans la région (hivers plus froids, étés plus chauds, assèchement de l’air, tempêtes de sable, de poussière…) et aux nombreux problèmes sanitaires touchant la population locale (cancer, typhoïde, malformations…).
Suite au retrait de la mer, de nouveaux gisements gaziers ont été découverts et sont aujourd'hui exploités.
Nous ne verrons pas ce qu’il reste de la mer d’Aral. Il nous fallait encore parcourir 200km sur des pistes à travers un désert de sel. Certains guides propose l’excursion exténuante sur 2 jours, à des tarifs exorbitants.
Devant ce spectacle désolant, notre incompréhension reste totale. Ce lieu restera gravé dans notre mémoire pour la preuve ultime de la stupidité humaine.
Noukous est la « capitale » du Karakalpakstan, l’ouest ouzbek. C’est une ville de style soviétique en pleine rénovation, peu attractive. Seul un musée, sorti de nulle part, a retenu notre attention. Le musée Savitsky (http://www.savitskycollection.org/) est réputé comme le plus beau musée d’Asie centrale. Surnommé le Louvre des steppes, c’est une oasis culturelle au milieu du désert du Karakalpakstan. Toute l’avant-garde soviétique y est représentée. Les toiles et expos sont sensationnelles. Quelques 82000 pièces y sont recensées.