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Malekula, une étape surprenante et inoubliable

Deuxième plus grosse île de l'archipel du Vanuatu, Malekula est essentiellement francophone et chrétienne. Notre idée est de remonter l'île jusqu'à la ville de Lakatoro, pour y rencontrer les ethnies Big et Small Nambas (anciennement cannibales), puis de continuer notre route, de bateau en bateau, vers l'ilôt Vao et l'île de Santo avec ses plages paradisiaques.


Mais un plan n'est jamais vraiment certain au Vanuatu.




Arrivée à Lamap, au sud de Malekula


Le village est constitué de maisons en bambous, aux toits de feuilles de pandanus tressées et nous semble déjà nettement plus accueillant que celui de Craig Cove.


Vue depuis Lamap

Les enfants courent se baigner, nus, dans le lagon bleu turquoise (sans aucune supervision adulte), grimpent les cocotiers comme des grands...



La mission catholique est omniprésente dans le village: elle gère l'école, la maison de santé (mini hôpital avec un médecin européen) et une plantation de cocotier pour la coprah (l'or blanc des îles: la récolte de la pulpe de coco vendue à prix d'or en occident et en Chine).


Une salle de classe de la mission


Le Mini hôpital de Lamap



Johnny nous prendra gentiment sous son aile pour les jours à venir

Au détour d'un virage, Johnny nous demande si nous sommes perdus. Il parle un très bon français et nous offre aussitôt de planter notre tente dans son jardin. Sa maison est en plein cœur du village, vue mer. Il nous invite à manger avec lui : des nems de tarot dans des feuilles de choux des îles, cuits au lait de coco.


De nature attentionnée et bienveillante, Johnny se montrera un hôte hors pair. C'est l'homme de la maison, précieux et raffiné, une vraie fée du logis!


Il nous offrira gracieusement la nourriture durant tout notre séjour, fruit de sa récolte du jardin : essentiellement des bananes et du chou des îles (épinard local).

Johnny vit simplement, avec sa mère veuve, dans une maison de bambou, sans électricité. Il cuisine au feu de bois, et s'éclaire le soir avec une pile solaire qui recharge chaque jour. La douche se prend au saut en puisant l'eau du puit.

Encore une fois, nous prenons une véritable leçon d'hospitalité!


Nous resterons 3 jours chez lui. Il nous présentera à sa tante, ses oncles, ses cousins... qui tous nous accueilleront à bras ouverts. Une belle expérience de voyage, comme on les aime!


La communauté s'organise grâce à la solidarité : une partie des habitants part à tour de rôle travailler au "jardin", dans les terres fertiles, et revient le soir avec de la nourriture pour tout le village.


On découvre une vie simple qui semble "bienheureuse" quand on voit les sourires des habitants. Auraient-ils trouvé la clé du bonheur?



Le kava, une tradition devenue une addiction


Le soir, Johnny nous invite à boire le kava au nakamal (bar à kava). Nous y retrouvons toute sa famille, on sent que c'est le moment de plaisir et de convivialité ! On nous dit que le kava détend, qu'il enlève les tensions musculaires du travail de la journée...



Nous offrons le premier kava à Johnny qui nous en offrira ensuite d'autres. Le goût est toujours aussi rebutant, nous anesthésiant la langue. Les shells (demi coco) s'enchaînent. La mère de Johnny en deviendra amorphe à la fin de la soirée.


Chaque soir, ce sera le même rituel de nakamal en nakamal. Même si nous ne sommes pas fans du kava, c'est un vrai moment d'échanges et d'immersion au cœur de la communauté du village. C'est "drôle" d'être au bout du monde et de parler français avec Jean Luc, Paul ou autre Joseph, tous ni van aux noms francophones.


Malgré cet accueil, le spectacle de cette coutume nous attriste. Au delà de ces joyeuses retrouvailles, le kava est devenu un besoin quotidien. Les habitants en sont clairement dépendants. On se demande où ils trouvent l'argent pour payer le kava. Johnny et sa mère y vont tous les soirs, alors même qu'ils ont perdu leur père/mari dans une bagarre qui a dégénéré pour du kava. Nous verrons des enfants en bas âge livrés à eux-mêmes le soir, perdus dans le noir, les parents étant au nakamal et plus en état de s'en occuper... On regarde alors sous un autre angle cette vie qui nous semblait si simple et bienheureuse.





L'Eglise omniprésente au Vanuatu


Johnny nous explique qu'il n'est plus Catholique, il fréquente assidûment l'église de l'Assemblée de Dieu. Nous l'y accompagnons ce dimanche matin. Pour aller à la messe, il se met sur son 31: chemise blanche et nattes bien tressées. Il va spécialement voir son amie Alice, pour se faire coiffer.


Session nattes


La célébration est vivante et assez théâtrale. Trois personnes sur une estrade, dont un prêtre, prêchent des sermons galvanisants en bichmalar, scandant des "Oh Lord" et autres "Praise the Lord", au rythme d'une musique jouée par "Gilbert" au synthétiseur. Dans un village sans électricité: chapeau ! Les chants sont puissants et entraînants. Toutes les femmes sont endimanchées en robe mission et coiffées avec grand soin pour l'occasion.


C'est un vrai spectacle ! Tandis que la petite fille devant nous, dans sa belle robe mission à fleurs vert anis, nous dévisagera durant toute la cérémonie avec de grands yeux écarquillés et curieux.


A noter la remarque du prêtre en fin de cérémonie: La messe c'est à 9h00, pas à 9h30 (nombreux sont les fidèles à arriver en retard).


L'église de l'assemblée de Dieu, bien plus modeste que celle de la mission catholique





Un faux-départ : de la déception à la plus belle surprise du Voyage


Nous partons de Lamap en pick-up partagé, avec une douzaine de personnes et deux cochons, pour rejoindre Lakatoro et explorer le nord de l'île. Hors février est la saison des pluies. Un des gués restera infranchissable.


Non, ça ne passe pas...

Nous patientons 6 heures dans un village perdu (où l'on nous offre encore une fois à manger et à boire), mais la rivière est toujours en crue. Nous devons rebrousser chemin : 3h de trajet tout de même sur une piste très accidentée, inutile de mentionner qu'il pleut. Cet imprévu nous contrarie. Voyager au Vanuatu est vraiment une Aventure!


Un bateau (Big Sista) relie le nord de l'île chaque mardi. On demande au chauffeur du pick-up de nous lâcher à Port Sandwich, en face de l'embarcadère.

C'est alors que nous rencontrons un couple qui sera une de nos plus belles rencontres de Voyage : Rock et Noëlla.


Nous allons, au culot, à l'épicerie de Port Sandwich, expliquer notre situation et voir où nous pourrions planter notre tente. Noëlla nous propose alors leur jardin et de manger avec eux. Ils nous accueilleront comme leurs enfants.


Rock et Noëlla forment un couple original. Elle, originaire de Wallis et lui, Ni Van. Ils vivent à l'écart de Lamap, dans leur petite "bulle de paradis", face à la baie de mouillage. Végétariens et de convictions bouddhistes, ils ne boivent pas le Kava (une drogue à leurs yeux).


Rock & Noëlla

Bienvenue!


De par leur proximité avec la baie de mouillage, ils rencontrent de très nombreux voyageurs. Leur guestbook est impressionnant: beaucoup de voyageurs au long cours à la voile terminant la grande traversée du Pacifique (Galapagos, Marquises, Tuamotus, Tahiti, îles Cook, Fidji: ces noms font voyager). Tout le monde leur laisse des livres, magazines, tant et si bien que leur bibliothèque est riche et éclectique. Ils sont très cultivés. Ils parlent très bien du monde environnant, alors qu'ils n'ont jamais quitté le Vanuatu. Quel bonheur d'échanger avec eux!


Nous nous sentons tellement bien chez eux, que nous ne prendrons pas le bateau (en direction du nord), pour rester plus longtemps avec eux.


Rock nous demande de transmettre une lettre à Bernard, l'un de ses amis voyageurs-navigateurs, quand nous serons à Nouméa. Ce sera une autre très belle rencontre à venir...


Il n'y a qu'un bateau par semaine de Lamap à Efate pour rejoindre Port-Vila. Nous devons continuer notre route, à regrets de quitter Rock et Noëlla. Selon Rock, il n'y a pas de hasards. On espère vivement les revoir un jour, si tel est notre destin...



Avant de partir, Noëlla nous donnera 10 kg de fruits : "la vie coûte cher à Port Vila !"




Départ à bord du Big Sista

Vous l'aurez compris, notre passage à Malekula nous aura vraiment marqué pour l'hospitalité et l’accueil authentiques et désintéressés. Il n'y avait aucune attraction touristique qui incitait à s'y attarder, seulement des gens fabuleux à rencontrer; exactement ce que nous attendions du Vanuatu!



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